Dans le box des accusés de la 17e chambre du tribunal de Bobigny, Karim est jugé pour vol de téléphone. Il est récidiviste et malade.
Le vol parfait. Simone* , 74 ans, est dans le métro, ligne 13. Karim, dans la même rame, se dirige vers le sac de Simone et lui dérobe son téléphone. En quelques secondes, le mal est fait. La vieille dame sort du wagon, sans s’être aperçue de rien. Karim ressort tranquillement, le butin dans un sac plastique.
La scène se déroule le 9 janvier, station Garibaldi, à Saint-Ouen (93). L’homme de 42 ans aurait pu ne pas être inquiété. C’est sans compter sur la présence des policiers qui assistent à la scène et l’interpellent sur le quai. D’où sa présence ce 10 janvier, dans le box des accusés de la 17e chambre du tribunal de Bobigny.
« C’est une maladie »
« Vous êtes récidiviste monsieur », lui lance la magistrate. « Ce n’est pas la première fois, admet le prévenu. C’est une maladie. » Le 14 septembre 2017, l’homme a été condamné à cinq mois de prison. Il en a purgé trois. Il est sorti le 20 décembre.
« La prison ne vous a pas servi de leçon ?
– Je ne fais pas exprès.
– Vous avez envie de retourner en prison ?
– Désolé, madame, donnez-moi une chance. »
Pour la procureure, l’affaire « est commise en flagrance. Les policiers l’ont reconnu ». « Le plus important, c’est la personnalité de monsieur. Il est précaire », poursuit-elle. Mais la récidive ne l’aide pas. « Je ne peux proposer autre chose qu’un emprisonnement de huit mois fermes », conclut la procureure.
Kleptomane
L’avocate insiste sur la maladie de son client. « Il sort de détention. Il recommence. C’est maladif. Il le reconnaît lui-même bien qu’il n’ait pas utilisé le terme de kleptomane. D’ailleurs il ne le connait pas ». Elle veut la relaxe avec obligation de soin. « C’est pas en allant en prison qu’il pourra être soigné ! », conclut-elle.
Les magistrats le condamnent à six mois fermes avec possibilité de rencontrer le juge d’application des peines, pour d’éventuels aménagements. Ainsi, il permettra peut-être au détenu d’être soigné.
(*) Le prénom a été modifié.
Antoine Mahut
