Tribunal de Paris, le 14 novembre 2018.
Deux femmes entrent dans le box des prévenus. Sara, vêtue d’une veste en fourrure beige et Minrahine, habillée tout de noir. Elles sont d’origines kurdes irakiennes et sont domiciliées au Royaume-Uni. La justice leur reproche d’avoir voulu faire entrer deux mineurs étrangers sur le territoire britannique. Les faits ont lieu à Paris dimanche 11 novembre 2018. Elles font la queue à la Gare du Nord pour prendre l’Eurostar avec deux enfants mineurs, récupérés quelques heures plus tôt dans un restaurant parisien auprès de leurs véritables parents. Aux postes frontières, les contrôleurs remarquent que les photos des passeports des deux enfants ne correspondent pas. Une des pièces d’identité appartient au fils de Minrahine, l’autre a un mineur non identifié.
« Avez-vous apporté exprès ces passeports ? », interroge la présidente du tribunal.
L’accusé répond par la négative. Elle ajoute timidement : « Mon mari m’a demandé d’aider ces deux enfants. Je ne savais pas que cela allait poser autant de problèmes. »
Le mari n’a pas été auditionné. Il n’y a aucun moyen de connaître sa version, au grand dam de la présidente.
« Et vous madame, quel est votre rôle dans cette affaires ? », demande la magistrate à Sara.
– « Je suis venue pour les vacances. »
– « Des vacances d’une journée ? », ironise la magistrate.
– « Je voulais rester plus longtemps mais je n’avais pas suffisamment d’argent. »
« Elles avaient préparé leurs coups puisqu’elles détiennent des passeports qui ne leur appartiennent pas », tranche la procureur. Elle requiert huit mois d’emprisonnement avec sursis. L’avocat de la défense voit en ses clientes deux femmes solidaires venues en aide à deux enfants. « C’est un acte purement humanitaire », avance l’avocat qui demande la relaxe des deux prévenues. Les juges reconnaissent coupables les deux dames qui sont condamnées à six mois de prison avec sursis assortis de deux ans d’interdiction de territoire français. « Vous ne pouvez plus venir en France pendant deux ans, leur explique la présidente. Même pour des vacances. »
A.M.
