Lilia Hassaine a reçu le prix Renaudot des lycéens 2023 malgré un roman qui a tendance à prendre trop souvent le lecteur par la main.
Dans son troisième roman, intitulé Panorama, Lilia Hassaine nous plonge dans une France futuriste. Nous sommes en 2049, dix-neuf ans après l’adoption d’une nouvelle Constitution établie sur un principe devenu fondamental : la Transparence. Une société où tout le monde est épié ; plus rien n’est caché. Les habitants s’observent depuis leurs maisons de verre. Avec pour seul but de protéger les citoyens. Car si tout est transparent, plus aucun mal ne peut arriver. C’est en tout cas ce que pensent l’architecte de ces nouvelles maisons vivariums et l’ensemble des militants pour la Transparence. « Les viols, la maltraitance, les abus, les agressions, […], ont un point commun : ils se déroulent à l’abri des regards », justifie l’architecte.
Mais tout n’est pas plus beau dans ce monde vitré. Une famille a même disparu en plein cœur du quartier résidentiel et huppé de Paxton. Une bonne nouvelle pour l’ex-commissaire de police Hélène qui, enfin, va pouvoir retrouver son métier d’enquêtrice d’antan.
Lilia Hassaine nous prend un peu trop par la main, au cas où on ne comprendrait pas le monde dystopique dans lequel elle nous plonge. Il y a pourtant de véritables trouvailles dans cet univers où tout est sous contrôle. Comme l’émission de télévision Présumé coupable dans laquelle les téléspectateurs sont appelés à prendre le rôle des juges et à voter pour condamner (ou pas) une personne après un débat partial entre chroniqueurs. Une sorte de Touche pas à mon poste qui aurait le pouvoir d’envoyer des gens en prison. Glaçant…
L’autrice a voulu interroger le monde d’aujourd’hui, pointer ses défauts et les caricaturer à l’extrême pour nous les resservir dans un univers dystopique. Ce n’est, hélas, pas toujours réussi. Le livre a tout de même séduit un certain public puisqu’il a obtenu, il y a quelques semaines, le prix Renaudot des lycéens.
A.N.
