Montmartre. Le Sacré-Cœur comme décor. Tout commençait bien à la lecture des premières pages du dernier ouvrage de Yasmina Khadra. L’intrigue se passe en plein cœur de ce quartier populaire de Paris. Tout ce que l’on aime. Nous sommes rue de Steinkerque précisément. On fait la connaissance de Ness, de ses potes, de ses galères. De sa vie, en somme. Lui vit ici avec sa grand-mère dans un petit appartement. Une grand-mère qu’il adore et qu’il protège.
La description du quartier, de ses rues, de ses commerces nous a fait penser à quelques livres lus ces dernières années. On retrouve l’ambiance des pérégrinations d’un Black Manoo, héro de Gauz, dans le Belleville des années 90. Comme dans le livre de Laurent Gaudé, Paris, mille vies, on déambule dans les rues parisiennes, sauf qu’ici, elles sont pleines de monde, pleines de vie.
Ness, c’est un titi parisien de Barbès. Il s’appelle en réalité Nestor mais tout le monde dans le quartier le surnomme Cœur d’amande. Peut-être parce qu’il a le cœur sur la main. C’est vrai qu’il essaye, tant bien que mal, de s’en sortir, de trouver du boulot pour subvenir aux besoins de sa grand-mère. Un gentil gars, dirait-on, qui ne demande rien à personne. Pourtant, le personnage principal est un peu trop caricatural pour être pris au sérieux. Oui il a été rejeté par sa mère à la naissance à cause de son handicap (il est atteint de nanisme). Non, on n’avait pas besoin de ce handicap pour être touché par le narrateur. D’ailleurs, les allusions à sa petite taille – à coup de vannes venant de ses amis ou de réflexion sur lui-même – sont souvent malaisantes.
Hormis donc les premières pages du livre où sont joliment décrites les ruelles de Montmartre et la vie bouillonnante d’un Barbès populaire, Yasmina Khadra est trop dans le pathos pour nous émouvoir. Pire, il se perd en chemin avec une histoire décousue, parfois à dormir debout.
Cœur-d’amande, de Yasmina Khadra, aux éditions Mialet-Barrault. 21 €.

