Le théâtre de la Concorde a été inauguré en grande pompe, fin septembre. Ce nouveau lieu culturel est LE théâtre qu’Hidalgo a toujours rêvé d’avoir. Comme un pied de nez au chef de l’État, il est situé à deux pas de l’Élysée, avenue Gabriel. Le communiqué de presse de présentation vante « un espace d’espoir et de renouveau ; un nouveau lieu démocratique et culturel pour tous ».
Vraiment, pour tous ? Bizarrement, certains sujets ont l’air tabous. Alors que ce théâtre se veut apolitique, il semble en réalité acquis aux idées du Printemps républicain. Explications.
Dirigé par Elsa Boublil, ancienne journaliste de France Inter, le théâtre de la Concorde se veut être « un rempart contre l’obscurantisme et les populismes ». Lesquels ? L’extrême droite on l’aura compris. C’est tout de même le gratin socialiste parisien qui est représenté dans l’équipe dirigeante du théâtre : Anne Hidalgo mais aussi Patrick Bloche, Carine Rolland, Jean-Luc-Romero-Michel, etc.
Sur le papier, le projet a l’air magnifique. Parmi les activités proposées : des ateliers pour acquérir des compétences pratiques en matière de citoyenneté active ; des conférences pour approfondir des sujets liés à la démocratie ; des formations sur les droits civiques, la responsabilité citoyenne et la compréhension des institutions démocratiques, etc. etc. Tout cela en plus des spectacles, des projections cinématographiques, des expositions, des escape game qui doivent être programmés tout au long de l’année. Un bien beau projet.
Revenons au rempart contre les populismes. En se promenant sur les réseaux sociaux de la directrice du théâtre, on remarque assez vite que lors des dernières élections, européennes puis législatives, elle n’a eu de cesse de critiquer la France insoumise puis le Nouveau Front populaire en général. Ça commence. La gauche anti-Nouveau Front populaire… Tout un concept !
Regardons de plus près les membres du comité d’orientation qui pilotent le théâtre. On retrouve Patrick Boucheron à la présidence. Tient, Philippe Martinez, l’ancien de la CGT (que fait-il dans cette galère ?). Il y aussi Sophia Aram. Ha, nous y voilà. La gauche qui est de droite. La directrice du théâtre n’hésite d’ailleurs pas à retweeter Sophia Aram lorsqu’elle même cite la chronique d’Anne Rosencher sur l’antisémitisme de la gauche. Elle relaye aussi une critique contre Guillaume Meurice qualifiant sa « blague » – qu’elle met entre parenthèse pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une blague – d’antisémite. Allons-y gaiement et récapitulons. Tout ce qui se trouve à la gauche du parti socialiste et de place publique (j’ai oublié de dire qu’Elsa Boublil était une fervente soutien de Raphaël Glucksmann) n’est pas de gauche puisque c’est nous la vraie gauche. Ils sont même antisémites puisqu’ils soutiennent la Palestine.
Alors, de quels populismes parle le théâtre lorsqu’il affirme vouloir y faire barrage ? On ne sait plus très bien s’il ne s’agit que de l’extrême droite. On est même presque certain qu’il s’agit aussi de ce que eux appellent l’extrême gauche, c’est-à-dire la gauche NFP. Jusqu’à renvoyer dos à dos le RN et LFI ? Le mari d’Elsa Boublil – Philippe Torreton – a franchi le pas dans une tribune signée dans Le Monde en juin dernier. « Notre voix ne se portera ni sur un candidat RN ni sur un candidat LFI », écrit-il aux côtés de Bernard Cazeneuve et de… Manuel Valls. La boucle est bouclée.
Antoine Mahut
