Dans leur documentaire « Action directe, nos années de plomb », la journaliste Vanessa Schneider et la documentariste Virginie Linhart plongent les téléspectateurs dans la violence du groupe armé d’extrême-gauche.
1er mai 1979. En ce jour de fête internationale des travailleurs, un petit groupe d’activistes se faufile dans les rues du 16e arrondissement de Paris et s’arrête devant le Conseil national du patronat français (CNPF, l’ancêtre du Medef) situé avenue Pierre-Ier-de-Serbie. Ni une, ni deux, les militants sortent leurs armes et fusillent la façade du siège de l’organisation patronale. Action directe est née. À sa tête, deux hommes et deux femmes : Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani.
Dans un documentaire très instructif, la journaliste Vanessa Schneider et la documentariste Virginie Linhart (fille du leader maoïste Robert Linhart), reviennent sur l’histoire de ce groupe terroriste d’extrême-gauche. Une histoire qui prend racine dans la désillusion de Mai 68 et sur les cendres de la Gauche prolétarienne, mouvement fondé en septembre 1968 et auto-dissout en 1973. Comment de jeunes révolutionnaires, qui rêvaient du Grand Soir, ont-ils fait le choix de la lutte armée ? Quelles ont été les étapes qui ont mené ces militants à commettre l’irréparable ? Outre de nombreuses images d’archives, le documentaire donne la parole aux avocats de l’époque, parmi lesquels Bernard Ripert, avocat d’Action directe ou le très regretté Henri Leclerc, conseil de Jean-Marc Rouillan et de Nathalie Ménigon, décédé en août 2024. La journaliste Patricia Tourancheau, ancienne plume de Libération et spécialiste des faits-divers ainsi que Jean-Louis Bruguière, juge spécialisé dans la lutte antiterroriste, apportent leurs expertises précieuses pour décortiquer le contexte politique de l’époque, alors que le premier président de gauche de la Ve République arrive au pouvoir en mai 1981, seulement deux ans après la création d’Action directe.
Après la fusillade contre le CNPF, une quinzaine d’attentats à l’explosif sont commis dans la capitale les mois suivants. Dans le 9e arrondissement, contre une annexe du ministère des finances, dans le 15e contre une agence de la banque Rothschild, dans le 18e contre un garage… Tous sont signés des lettres AD suivies d’une étoile rouge, le logo d’Action directe. En racontant ces années qui ont vu ce groupe armé perpétré tout de même plus de 80 attentats, et fait 26 blessés et 12 morts, les deux réalisatrices ont réussi leur pari : nous embarquer dans un thriller politique où se mêlent meurtres et enquête policière, amour et amitié, violence et folie destructrice.
Action directe, nos années de plomb – 112 minutes – À voir sur France Télévisions.
