Maladies mentales : parlons-en !

Dans son livre, Intérieur nuit, Nicolas Demorand témoigne de sa bipolarité. Une manière pour lui de ne plus se taire et de mettre la lumière sur les maladies mentales. Sensibiliser, parler, décomplexer les conversations autour de ces maladies, c’est aussi l’objectif des Semaines d’information sur la santé mentale qui se déroulent du 6 au 19 octobre.

Bonne nouvelle ! La santé mentale est la grande cause nationale de l’année 2025. Les gouvernements précédents l’ont décrétée et il faut s’en réjouir. Dommage, pour autant, que les actes politiques ne suivent pas, et que l’hôpital psychiatrique soit toujours le parent pauvre d’une politique de santé publique déjà bien moribonde. On aimerait des solutions concrètes et des actes forts pour une meilleure prise en charge de la psychiatrie en France. Mais déjà, parler de santé mentale est mieux que l’invisibiliser comme c’est le cas depuis des années. Car ce sujet est l’affaire de tous. Rappelons quelques chiffres : un salarié sur quatre se dit en mauvaise santé mentale ; 13 millions de personnes présentent un trouble psychiatrique chaque année en France ; 3 millions vivent avec un trouble psychique sévère…

Les prochaines Semaines d’information sur la santé mentale, qui ont lieu du 6 au 19 octobre, participent de cette visibilité des maladies mentales. Car oui, appelons un chat un chat. Il s’agit bien de maladies ! Troubles bipolaires, schizophrénie, dépression… Ce n’est pas la même chose et il en existe de différentes sortes. Le journaliste Nicolas Demorand aime à le rappeler.  Lui qui a révélé être bipolaire de type 2 dans un très beau livre intitulé Intérieur nuit précise dès la première ligne : « Je suis un malade mental ».

Son livre a fait l’effet d’une bombe dans la sphère médiatique. Oui on peut être à la tête de la matinale radio la plus écoutée de France et être malade mental. Non, cela ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort. Il ne le souhaite pas. S’il a pris la plume, c’est pour sortir du silence et justement alerter l’opinion publique. « Car je suis malade mental dans un monde qui ne sait pas ce qu’est la maladie mentale. Qui pense, d’ailleurs, que ça n’est pas vraiment une maladie », écrit-il. L’auteur témoigne de son expérience, ses crises maniaco-dépressives (il pouvait passer des journées entières en boule sur son canapé), la difficulté à se faire diagnostiquer, les allers-retours chez les psys, la quantité astronomique de médicaments (et pas toujours les bons !) prescrits et ingurgités. Et enfin, la bonne rencontre. Le bon diagnostic. Et un suivi régulier à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris. Et Nicolas Demorand d’alerter : « La maladie mentale, sauf cas extrême, reste prise dans un nuage de mépris, de déni et de morale ». À nous, collectivement, de ne plus y être indifférents.

Intérieur nuit, Nicolas Demorand, éditions Les Arènes. 112 pages. 18 euros.

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