À Beaubourg, on dit si à Brancusi

Le centre Pompidou rend hommage au sculpteur roumain à travers une rétrospective riche en œuvres et intelligemment scénographiée. Bluffant.

« Brancusi revient à Beaubourg ! » C’est par ces mots que j’ai, pour la première fois, entendu parler de l’exposition que consacre le centre Pompidou au sculpteur roumain. « Pourquoi ? Il était parti », n’ai-je pu m’empêcher de penser. En fait, le musée lui avait déjà consacré une première rétrospective en 1995.

Nous nous sommes donc précipités pour aller voir ce « retour » de Brancusi. Et autant le dire de suite. L’exposition est l’une des plus belles que nous ayons vu ces derniers mois. Près de 140 sculptures sont ainsi présentées aux spectateurs avec dès le début du parcours, celle qui est sans doute la plus connue, La muse endormie. Cette tête de femme (il s’agit en fait du visage de la baronne Frachon) en bronze poli est d’une pureté absolue. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas un hasard si elle a été choisie pour illustrer l’affiche de l’exposition.

Cette rétrospective est intelligemment construite autour de différentes thématiques chères à l’artiste. Dans le désordre : les portraits, l’animal, la blancheur et la clarté, le socle du ciel, etc. Arrêtons nous quelques instants sur les portraits. Le sculpteur avait pour modèles ses amies et compagnes comme Margit Pogany, peintre hongroise qu’il rencontre à Paris en 1911. Il en tire plusieurs portraits d’une série intitulée Mademoiselle Pogany où elle est représentée, le visage lisse et ovale avec de gros yeux en amande. Sublime.

Quatre versions en marbre veiné ou en bronze poli de Mademoiselle Pogany.

Dans une autre salle, l’atelier de l’artiste a été reconstitué à l’identique. C’était le souhait de Brancusi lorsqu’il l’a légué à l’État français, à sa mort en 1957. On y découvre des dizaines d’outils, une longue table de travail, plusieurs sculptures, des tabourets en bois qui servent à la fois de mobilier et de socle pour poser les œuvres. On ne sait plus où regarder tellement il y a d’objets. Un véritable (petit) musée dans le musée.

Pour connaître tout de la vie de Brancusi, il faut s’arrêter devant la frise chronologique qui détaille les différentes époques du maître-sculpteur, ses amitiés avec Marcel Duchamp, Fernand Léger ou Man Ray, son amour pour la musique et quelques anecdotes croustillantes comme l’exclusion de l’œuvre Princesse X du Salon des indépendants de 1920. Ce bronze phallique avait été jugé obscène et retiré sur ordre du préfet de police.

Mention spéciale pour la salle consacrée à la thématique de l’envol. On y découvre une série d’Oiseaux exposée devant d’énormes baies vitrées avec vue sur les toits de Paris. Depuis le 6e étage du bâtiment, on a soudain cette impression que les statues vont prendre vie et s’envoler au-dessus de la capitale. Le soir, avec la lumière du coucher du soleil, le spectacle est encore plus somptueux.

Brancusi. Au centre Pompidou. Jusqu’au 1er juillet. 14-17 €.

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